I : L’immigration :
La tradition d’immigration qui caractérise la France est due à la baisse de sa fécondité, qui a débuté au XVIIIème siècle. La main-d’œuvre devenait insuffisante pour un pays qui s’industrialisait, sans pouvoir puiser massivement dans sa population rurale.
A la fin de la première guerre mondiale, la population active était amputée des 1,4 million d’hommes tués ou invalides.

Ce sont essentiellement les besoins de travailleurs dans les mines, l’automobile et le bâtiment qui ont suscité deux grandes vagues d’arrivées au XXème siècle.

En 1931, la France comptait 3,9 millions d’immigrés. A partir de 1975, cette population a connu une lente croissance jusqu’à 4,2 millions en 1990, mais sa part dans la population totale est restée stable : 7,4% en 1990, contre 6,6% en 1931.

La France est devenue ainsi le second pays d’immigration au monde après les États-Unis et le premier par rapport au nombre d’habitants.

En 1974, préoccupé par le ralentissement de la croissance, le gouvernement décida l’arrêt officiel de l’immigration hors droit d’asile et demandes spécifiques émanant d’employeurs, sauf dans le cadre du regroupement familial. Depuis 1975, c’est cette seule immigration de regroupement familial qui prédomine dans les statistiques de l’Office des Migrations Internationales.


Les immigrés sont démographiquement issus de pays majoritairement européens.
En 1962, les originaires d’Italie représentaient le premier contingent d’immigrés avec 32%. Ils se classaient devant celui des migrants d’Espagne, d’Algérie et de Pologne.

Ces effectifs se sont réduits, tandis que s’ouvrait l’éventail des origines avec le Portugal, le Maroc, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du sud-est.

En 1990, arrivent en tête les immigrés
· du Portugal (environ 600 000 puis 570 000 en 1999)
· puis ceux d’Algérie (560 000 puis 580 000 en 1999),
· d’Italie (490 000 puis 390 000 en 1999),
· du Maroc (460 000 puis 515 000 en 1999)
· et d’Espagne (400 000 puis 315 000 en 1999) ;
ces cinq pays représentent 60% de la population immigrée. Au total, on recense encore plus de 50% d’immigrés d’origine européenne.

Pour le reste du monde, les Turcs sont les seuls à représenter plus de 2% de la population immigrée résidant en France métropolitaine.
En 1999, 37% de la population immigrée réside en Ile de France ; Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les deux autres régions qui accueillent le plus d’immigrés (11% et 10%). Ces trois régions rassemblent ainsi près de 60% des immigrés habitant en France.

De 1946 à 1972, les étrangers les plus nombreux à acquérir la nationalité française ont été les Polonais et les Italiens, puis les Espagnols. A partir de 1983, les ressortissants Portugais ont fourni un contingent important ; en 1990, ils devancent encore ceux du Maroc et de l’Asie du sud-est (Cambodge, Laos et Vietnam).


L’augmentation de la population immigrée est entièrement le fait des femmes (plus 7,2%).
La classe d’âges où les femmes sont les plus nombreuses est celle des 40 à 45 ans.
Les femmes étrangères sont de plus en plus nombreuses à travailler. Leurs situations professionnelles évoluent rapidement : en 1973, les Portugaises n’étaient que 30,7% à travailler, elles sont aujourd’hui le double (60,4%). Le taux d’activité des femmes maghrébines a quadruplé en 20 ans, passant de 8,4 à 36,6%.



II : La Parité :
Contrairement aux idées reçues, les femmes ont toujours travaillé, sauf dans les milieux très riches.
Avec le développement du salariat et la valorisation conjointe de l'activité laborieuse, une grande partie des femmes est désormais sortie du foyer pour entrer dans la sphère publique.

Ainsi, le volume et la nature de leurs activités professionnelles puis les mentalités ont été amenées à changer, bon gré, mal gré, doucement au rythme des générations.

Une « Révolution féministe », nouvelle variation du fameux « Grand soir » aura-t-elle lieu ? On semble attendre beaucoup de l'avènement d’une génération qualifiable de « mixte », pour voir les femmes s'épanouir dans des postes à responsabilité.


Le 8 mars est cette fameuse journée internationale de la femme dont on ne sait pas bien quoi penser :
· Fête-t-on les femmes admirables ?
· S'apitoie-t-on sur leur cas un jour par an, comme on s'interroge sur le sort des handicapés, des lépreux ou des enfants maltraités ?

En tout cas, à se repencher sur le dossier des femmes au travail, on se rend compte que, certes, les choses changent, mais à un rythme calé sur celui de l'évolution des mentalités, à peine accéléré par les revendications de parité, assorties, parfois, de dispositifs particuliers, voire même de textes de loi.


De fait, beaucoup de lourdeurs demeurent et seul le discours des femmes change : à l'agressivité des initiales formes de revendication, nos sœurs et compagnes préfèrent désormais les vertus de la discussion et le mot le plus fréquent dans leurs bouches devient davantage celui de « mixité » plutôt que celui de « parité ».

Il faut en parallèle que le mâle apprenne à se remettre en cause, admette la compétence des femmes et finalement s’épanouisse en étant simultanément homme et partisan-féministe : prônant à son tour un vrai choix de société, permettant tant aux unes qu’aux autres de conduire leurs projets, dans une égalité qui n'empêche pas la différence.



III : L’école unisexe :
Dans les établissements scolaires, la mixité est la règle depuis un quart de siècle ; pourtant, nombre de filières connaissent une répartition des sexes déséquilibrée, malgré un engagement déjà ancien de l'ensemble de la communauté éducative en faveur de cette sorte de parité.

Lorsque les filles s'engagent dans des études considérées comme " spécialités masculines ", elles en tirent très souvent un bénéfice réel, en termes d'insertion professionnelle et sociale, c'est ce que relève un rapport du Centre d'Études et de REcherche sur les Qualifications titré " les femmes dans les filières de l'enseignement supérieur " ; toutefois, dans les écoles d'ingénieurs, la part des jeunes femmes était, à la rentrée 1999, de 22,6%.


Si les femmes sont aussi nombreuses que les hommes dans les filières qui préparent aux carrières de management, elles restent sous-représentées dans celles qui conduisent aux responsabilités scientifiques et technologiques ; par ailleurs, en première année de BTS, la part des femmes, en 1999, est de :
- 99,7% en coiffure, esthétique et autres soins ;
- 97,6% en travail social ;
- 97,0% en secrétariat - bureautique ;
- 77,8% dans les spécialités médico-sociales ;
mais seulement de :
- 8,3% en mécanique aéronautique et spatiale ;
- 3,8% dans les techniques de commande des transformations industrielles ;
- 0,9% en moteurs et mécanique automobile.



IV : La ségrégation sociale :
« On ne mélange pas les torchons et les serviettes » ironisait, une habitante d’un quartier HLM de Douai interrogée par un journaliste au sujet d’une grille de 2 mètres de hauteur et de 7 mètres de large, érigée pendant l’été 2002 au bout de sa rue, à la frontière que Douai partage avec la commune de Cuincy. La mairie de Cuincy, à l’origine de la pose de cette grille, avait alors justifié cette construction en arguant qu’elle protégerait ses habitants des incivilités attribuées aux habitants de la cité voisine.
Cette anecdote illustre la difficulté de mettre en œuvre la mixité sociale, qui s’affiche pourtant comme un objectif politique destiné à enrayer les divers processus de ségrégation à l’œuvre dans les banlieues.


En tout temps et en tout pays, les villes présentent une régularité frappante : elles ont presque toutes une structure spatiale stratifiée, opposant des quartiers riches à des quartiers moins aisés. Aussi, la répartition uniforme des différentes catégories de populations dans la ville, en d’autres termes la « mixité sociale », n’est-elle la règle nulle part.

Cette spécialisation socio-économique de l’espace urbain peut néanmoins se faire selon des degrés divers d’intensité, en isolant de façon plus ou moins tranchée des populations aux caractéristiques plus ou moins inégales. L’exemple des villes d’Afrique du Sud est caractéristique d’une stratification spatiale très poussée où des bidonvilles périphériques extrêmement pauvres sont éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres de quartiers résidentiels très prospères.

Dans une moindre mesure, les villes américaines correspondent également à une situation où la ségrégation résidentielle est très forte et les contrastes socio-économiques très élevés. A l’inverse, les villes européennes sont en général plus denses et l’inégalité y est moins importante, même si les écarts sociaux et économiques semblent s’accroître.

La mixité sociale proclame l’ambition d’une répartition plus équilibrée des populations. Formellement, elle peut être définie comme la coexistence sur un même espace de groupes sociaux aux caractéristiques diverses. Cette définition est très large et il n’existe à vrai dire aucun consensus sur le contenu et les finalités de ce concept.

L’objectif peut toutefois se comprendre comme un mode de vie qui mêlerait à la fois les générations jeunes et plus âgées, les riches et les moins riches, les Français et les étrangers ; il est clair que cette mixité communale ne se mesure pas au seul pourcentage de logements sociaux, mais à l’aune de la diversité d’un quartier : le logement n’étant qu’un instrument pouvant influer sur une composition sociale, pour éviter, par exemple, la constitution de ghettos ethniques.


Cette forme de ségrégation est un produit de la concurrence, sur le marché foncier, à laquelle se livrent les familles entre elles pour se loger.


Pour les économistes, la structure des agglomérations résulte d’un équilibre mettant en jeu des forces d’attraction et de répulsion subies par les agents économiques, c’est-à-dire les familles et les entreprises.


Pour simplifier le raisonnement, faisons l’hypothèse que les emplois sont presque tous localisés dans une sorte de zone centralisatrice, ce qui au passage ne constitue pas une approximation trop grossière.
On peut dès lors considérer que dans leurs choix résidentiels, les familles font face à un arbitrage entre :
· choisir de se localiser à proximité des emplois -ce qui réduit le coût de transport pour aller travailler-
· et se localiser en périphérie -où le sol est présent en plus grande quantité et les logements sont meilleur marché-.


Le marché foncier étant concurrentiel, les logements sont attribués au plus offrant. En présence de familles aux caractéristiques différentes, cette concurrence aboutit à une stratification de l’espace urbain. En effet, des agents différents arbitreront différemment entre l’économie sur les coûts de transports (associés à un lieu de résidence proche des emplois) et l’économie sur le prix foncier (associé à une localisation en périphérie).

Mais bien d’autres critères que le seul revenu peuvent rentrer en compte dans l’explication de la stratification des villes.

Des individus ayant, par exemple, des préférences différentes pour la fourniture d’un bien public ont la possibilité de « voter avec leurs pieds » en se regroupant d’eux-mêmes en collectivités locales homogènes pour optimiser leur consommation du bien public financé par les impôts locaux. Dans ce contexte, les différences de préférences pour les espaces verts ou les activités culturelles et sportives offertes par les municipalités, peuvent être à l’origine d’une stratification résidentielle résultant uniquement du libre choix de localisation des familles.

De même, les préférences des individus et des familles peuvent aussi prendre en compte la composition ethnique ou sociale de leur quartier de résidence. En présence de préférences de type « racistes », un groupe ethnique peut vouloir délaisser certains quartiers lorsque la proportion des autres groupes ethniques dépasse un seuil de basculement.

De façon équivalente, il peut exister des phénomènes de communautarisme où, pour des raisons de solidarité, de mobilisation de ressources communes, certains individus peuvent désirer vivre avec des personnes de même origine.

Ces comportements (de fuite ou d’agrégation sélective) contribuent à la ségrégation spatiale.


V Les personnes âgées :
Et en cet état social, que faisons-nous de nos Anciens ?

Oui, nous mettons en œuvre des allocations spécifiques… mais, ne se révèlent-elles pas finalement « offertes » en contribution de frais de séjours en centre spécialisé.


Oui, notre mode de vie s’améliore, puisque nous gagnons statistiquement parlant en longévité, mais peut-être, en définitive, proportionnellement à l’isolement des personnes les plus âgées, devenues globalement, depuis quelques décennies, une sorte de maillon faible ; en outre, parfois, ce maillon est rejeté de la chaîne familiale.


Notre fameux mode de vie, au stade du mode de fin de vie, est réputé n’être la faute de personne, ce serait la simple résultante d’une société trépidante qui distend les contacts ; c’est dû au manque de disponibilité des « jeunes retraités » hyperactifs qui profitent enfin de la vie associative après une vie de labeur, c’est plus souvent la conséquence de l’égocentrisme des « Actifs », qui courent après la satisfaction de besoins matériels au détriment de relations affectives et sociales intergénérationnelles.

Et pourtant, là aussi, la Mixité à sa place : l’expérience, la tendresse des cheveux blancs constituent des trésors pour les jeunes têtes dites blondes.

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A travers ces thèmes concernant divers aspects de la Mixité, notre propos se diversifie et la patience de l’auditoire nous incite à une provisoire conclusion :
La Femme a été proclamée : « l’avenir de l’homme » !

Cette sorte d’incantation ne vise pas seulement les femmes immigrées, salariées, banlieusardes et vieilles…

…dont le sort nous semble désormais inéluctablement en voie d’amélioration et donc plus enviable que celui de quelques xénophobes, jeunes ou vieux franchouillards, machos, ruraux ou citadins !


Nous considérons en effet, en sens contraire de quelques idéaux réactionnaires, que chacun, que chaque Être, peut et surtout doit apporter sa contribution à l’édification d’une société plus juste (sous toute ses formes) -ce qui inclut la notion d’harmonie sociale- en s’inspirant :
· de la culture de l’autre,
· des qualités spécifiques à la féminité,
· de la sagesse de la maturité
· et d’autres éléments que nous n’avons pas eu le temps d’aborder : tel l’handicap quotidien subi par de nombreux concitoyens ;
c’est là l’une des sources de notre réceptivité personnelle à l’idéal du bâtisseur : « Dignité, Équité, Solidarité ».


La tâche, la construction peuvent sembler ambitieuses,
mais le G:.A:.D:.L:.U:. ne s’attend pas à ce que nous baissions les bras ;
alors, ne laissons pas à d’autres le soin de soutenir notre si belle thèse d’Universalité :
la Mixité, toutes les formes de mixité, méritent que nous ne rendions pas nos tabliers !