1. Les bâtisseurs des cathédrales.

La terminologie concernant la franc-maçonnerie suggère un lien avec le métier des maçons et avec l'architecture. Ceci est le plus évident dans le mot "franc-maçon" lui-même (en anglais: "Freemason"). La distinction avec l'artisan maçon disparaît même entièrement lorsqu'on appelle le franc-maçon "maçon" (en anglais: "mason") et la franc-maçonnerie "maçonnerie" tout court. L'adjectif "maçonnique", d'ailleurs, se rapporte exclusivement à la franc-maçonnerie.

Le préfixe "franc" peut être expliqué de plusieurs façons, qui ne doivent pas nécessairement s'exclure. Dans les métiers, le terme "franc" avait un sens technique généralement connu jusqu'à la fin de l'Ancien Régime: celui de "pleinement compétent pour exercer le métier de façon indépendante".

Un "franc" tisserand, couvreur, marchand de poisson, maçon etc. avait reçu une formation régulière au sein de sa guilde, et était libre de s'établir en tant que maître indépendant (quoique la plupart d'entre eux entrât en service payé). Ils se distinguaient des ouvriers non-libres par leur habileté artisanale et par leur loyauté envers la guilde et envers leurs "frères" (car ainsi s'appelaient-ils entre eux).

Le terme habituel de "loge" (comme synonyme de "franc-maçonnerie") se rapporte aussi au chantier. De nos jours encore on désigne en anglais par "lodge" et en français par "loge" le petit bâtiment temporaire sur un chantier, où l'on garde les plans et réalise les travaux plus délicats. Pendant le Moyen-Âge cette loge en bois servait aussi de "logement" aux tailleurs de pierre, qui étaient en majorité des "étrangers" plutôt que des citoyens. La construction des cathédrales nécessitait des artisans spécialisés, qui devaient voyager dans le pays entier pour se rendre aux grands chantiers. Par rapport aux lois et charges communales, ces "loges" temporaires jouissaient d'une certaine liberté, dont on retrouve peut-être comme un écho dans le préfixe "franc"

Pour préparer les modèles requis par l'ouvrage, on dessinait la totalité de l'édifice sur le plancher de la loge. Le compas et l'équerre (formant ensemble le célèbre emblème de la franc-maçonnerie) étaient indispensables pour mener à bien ce travail. Le compas surtout était essentiel pour l'architecte. Pendant des siècles le dessin était beaucoup plus fiable que le calcul, et le compas est naturellement un instrument de précision.

Apparemment la franc-maçonnerie d'aujourd'hui est donc apparentée aux bâtisseurs médiévaux des cathédrales, et aux métiers constructifs en général. Le "Compagnonnage" français, qui existe encore et regroupe toutes sortes de métiers, a d'ailleurs certains emblèmes, symboles et usages en commun avec la franc-maçonnerie.

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