Ordres... d'architecture
Le décor occupe dans l’un et l’autre ordre une
place importante. Il est réparti dans le fronton, c’est-à-dire l’espace
triangulaire formé par les deux versants du toit au-dessus de la façade, et
dans les frises.
Si la frise est dorique, ce sont les métopes qui le reçoivent, dans leur cadre
étroit qui limite nécessairement l’ampleur de l’image. La frise
ionique tolère au contraire, l’allongement sur toute la surface du bandeau
d’une scène dont la composition risque de manquer de rigueur. Et c’est
là l’une des différences essentielles entre le dorisme, laconique et précis,
et le bavardage charmant mais un peu lent de l’ionisme.
Il est très important de noter que ces 2 ordres ne se résument pas au style des colonnes, même si elles résument le mieux celui-ci. Ces ordres régissent également l'agencement des lieux et les proportions des éléments (pièces, colonnes, chapiteaux, etc.) constituant le monument auxquels ils s'appliquent (bien que le ionique soit nettement moins normatif). Ex: La hauteur d'une colonne dorique est généralement égale a 12 fois son diamètre..
Le temple constitue le banc d’essai de toutes les innovations: tant que le portique n’aura pas pris lui aussi quelque ampleur (fin VIe s.), il constitue l’unique édifice à caractère monumental. C’est donc au temple qu’il revient de manifester la polarité entre esprit dorien et esprit ionien qui anime toute la civilisation grecque durant l’archaïsme et la période classique (VIe-IVe s. av. J.-C.).
Vers le 4° siècle l'ordre ionique plus souple et plus inventif a tendance à se généraliser. Chez les romains c'est la variante corinthienne de l'ordre ionique qui prévaudra.
L’ordre dorique (7° au 4° siècles av
JC) Le rythme de la colonnade commande celui de la frise
où alternent les plaques, lisses ou sculptées des métopes et les triglyphes
à rainures verticales: l’axe d’un triglyphe sur deux correspond
généralement à celui d’une colonne, le triglyphe intermédiaire occupant
le milieu de l’entraxe (distance entre les axes de deux colonnes).
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L’ordre ionique et ses variantes: l’éolique et le corinthien
Origine dans les grandes cités des îles de Samos et Rhodes et de la côte Turque qui leur font face, sa gestation pourrait être quasi contemporaine de celle de l’ordre dorique. À l’Artémision d’Éphèse, un petit temple du milieu du VIIIe siècle, est l’ancêtre direct des grands temples ioniques postérieurs; au temple d’Athéna de Smyrne apparaît, dès la fin du VIIe siècle, des colonnes cannelées en pierre et des chapiteaux ornés d’un décor de feuilles. L’ordre ionique par contraste avec l’ordre
dorique est beaucoup moins précisément codifié que ce dernier –
et aussi beaucoup moins bien connu: l’architecture ionique a connu
des vicissitudes qui ont entravé son développement et gravement compromis
la conservation de ses vestiges. |
Existence au VIe siècle en Éolide (côte nord-ouest de l’Asie Mineure) et à Lesbos d’une variante, dite éolique, Le chapiteau ionique à volutes horizontales avait l’inconvénient de n’être pas identique sur toutes ses faces, ce qui posait un problème aux colonnes d’angle, où il se présentait aussi de profil. C’est là sans doute la raison, qui explique le succès du chapiteau corinthien , dont le premier exemple connu se trouve au temple d’Apollon de Bassae-Phigalie (fin du Ve s.).
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Le mélange des genres Ionique et Dorique ont des origine différentes mais ont vu le jour l'un et l'autre au 7° siècle Il est donc normal de rencontrer à partir du 4° siècle, des monuments qui associent ces 2 ordres dans l'architecture civile et funéraire : Parthénon ou la tombe de Lefcadia (avec un étage ionique, moins haut et plus léger que le rez-de-chaussée dorique). Il s'agit bien d'un rapprochement et non d'un mélange car les caractéristiques des 2 ordres ne sont pas mélangés. |