Ordres... d'architecture

 

Les deux grands ordres grecs qui, dès l’origine, existent concurremment à partir du 7° siècle av JC, sont :

Le décor occupe dans l’un et l’autre ordre une place importante. Il est réparti dans le fronton, c’est-à-dire l’espace triangulaire formé par les deux versants du toit au-dessus de la façade, et dans les frises.
Si la frise est dorique, ce sont les métopes qui le reçoivent, dans leur cadre étroit qui limite nécessairement l’ampleur de l’image. La frise ionique tolère au contraire, l’allongement sur toute la surface du bandeau d’une scène dont la composition risque de manquer de rigueur. Et c’est là l’une des différences essentielles entre le dorisme, laconique et précis, et le bavardage charmant mais un peu lent de l’ionisme.

Il est très important de noter que ces 2 ordres ne se résument pas au style des colonnes, même si elles résument le mieux celui-ci. Ces ordres régissent également l'agencement des lieux et les proportions des éléments (pièces, colonnes, chapiteaux, etc.) constituant le monument auxquels ils s'appliquent (bien que le ionique soit nettement moins normatif). Ex: La hauteur d'une colonne dorique est généralement égale a 12 fois son diamètre..

Le temple constitue le banc d’essai de toutes les innovations: tant que le portique n’aura pas pris lui aussi quelque ampleur (fin VIe s.), il constitue l’unique édifice à caractère monumental. C’est donc au temple qu’il revient de manifester la polarité entre esprit dorien et esprit ionien qui anime toute la civilisation grecque durant l’archaïsme et la période classique (VIe-IVe s. av. J.-C.).

Vers le 4° siècle l'ordre ionique plus souple et plus inventif a tendance à se généraliser. Chez les romains c'est la variante corinthienne de l'ordre ionique qui prévaudra.

L’ordre dorique (7° au 4° siècles av JC)

Ordre grec par excellence. Sa création s'est faite à tâtons durant le VIIe siècle dans le nord-est du Péloponnèse et l’île de Naxos qui semble avoir joué un rôle prépondérant dans la création de la grande plastique en marbre. C’est à Argos et à Corinthe qu'il s’est élaboré,  les traits principaux se trouvent déjà vers 630 dans le temple de Thermos, en Acarnanie, une région du nord-ouest de la Grèce soumise à l’influence de Corinthe.
Il s'est étendu à l' Italie du sud et à la Sicile

Le rythme de la colonnade commande celui de la frise où alternent les plaques, lisses ou sculptées des métopes et les triglyphes à rainures verticales: l’axe d’un triglyphe sur deux correspond généralement à celui d’une colonne, le triglyphe intermédiaire occupant le milieu de l’entraxe  (distance entre les axes de deux colonnes).
En un siècle, un réseau de proportions et de règles est défini qui laisse peu de place à l’initiative de l’architecte. Aussi l’apogée de l’ordre dorique est-il bref: dès le début du IVe siècle, faute de pouvoir dépasser le rigoureux équilibre qu’il a atteint, le dorique se fige et ne produira plus que des bâtiments guindés et sans vigueur: la création architecturale s’est portée ailleurs, irréversiblement.

L’ordre ionique et ses variantes: l’éolique et le corinthien

 

Origine dans les grandes cités des îles de Samos et Rhodes et de la côte Turque qui leur font face, sa gestation pourrait être quasi contemporaine de celle de l’ordre dorique. À l’Artémision d’Éphèse, un petit temple du milieu du VIIIe siècle, est l’ancêtre direct des grands temples ioniques postérieurs; au temple d’Athéna de Smyrne apparaît, dès la fin du VIIe siècle, des colonnes cannelées en pierre et des chapiteaux ornés d’un décor de feuilles.

L’ordre ionique par contraste avec l’ordre dorique est beaucoup moins précisément codifié que ce dernier – et aussi beaucoup moins bien connu: l’architecture ionique a connu des vicissitudes qui ont entravé son développement et gravement compromis la conservation de ses vestiges.
La colonne , qui repose sur une base dont la mouluration est très variable, est plus svelte que la colonne dorique. Le nombre des cannelures, qui ont une arête plate, peut varier de 16 au portique des Athéniens à Delphes à 48 au temple d’Artémis à Éphèse Mais c’est surtout par son chapiteau  que l’ordre ionique affirme son originalité: à la rigueur épurée du chapiteau   dorique il oppose la souplesse de ses volutes latérales, dont les spirales reliées par un élément horizontal débordent largement du gorgerin  plus ou moins décoré qui le relie au fût.

Existence au VIe siècle en Éolide (côte nord-ouest de l’Asie Mineure) et à Lesbos d’une variante, dite éolique,

Le chapiteau ionique à volutes horizontales avait l’inconvénient de n’être pas identique sur toutes ses faces, ce qui posait un problème aux colonnes d’angle, où il se présentait aussi de profil. C’est là sans doute la raison, qui explique le succès du chapiteau corinthien , dont le premier exemple connu se trouve au temple d’Apollon de Bassae-Phigalie (fin du Ve s.).

 

 

Le mélange des genres

Ionique et Dorique ont des origine différentes mais ont vu le jour l'un et l'autre au 7° siècle Il est donc normal de rencontrer à partir du 4° siècle, des monuments qui associent ces 2 ordres dans l'architecture civile et funéraire : Parthénon ou  la tombe de Lefcadia  (avec un étage ionique, moins haut et plus léger que le rez-de-chaussée dorique). Il s'agit bien d'un rapprochement et non d'un mélange car les caractéristiques des 2 ordres ne sont pas mélangés.